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La capacité à débattre, à écouter et à convaincre en public est sans doute un enjeu considérable pour les citoyens de notre pays.

Nous ne manquons pas de talent pour contester, pour nous opposer, individuellement et collectivement, c'est même une qualité qui a sans doute contribué à nous préserver des engouements totalitaires. Nous sommes en effet particulièrement disponibles pour les idées, les constructions mentales et les utopies, mais celles-ci secrètent toujours des oppositions, comme autant d'anticorps.

Plus généralement, il semble que l'expression publique, dans des cercles plus ou moins étendus, de la réunion familiale aux débats publics, en passant par les comptoirs de bar et les réunions professionnelles et d'associations, constitue pour chacun de nous un défi, une épreuve et attente particulières, auxquels nous ne sommes pourtant guère préparés.

Il semble donc que cette qualité, dans une société démocratique, doit être travaillée, afin qu'elle permette de produire des échanges qui soient effectivement de qualité et ouverts au plus grand nombre. Afin, également, qu'elle permette de renforcer le niveau du débat public et celui des politiques publiques (les enjeux sont aussi ceux de la réalité !).

Faute de cela, nous risquons d'en rester aux oppositions stériles ou convenues, à l'absence d'écoute, à des frustrations, à des situations où les fidélités partisanes ou communautaires contraignent plus qu'elles ne libèrent, à un déficit de régulation, d'ouverture sur le monde.


Nous risquons aussi de constater que l'aisance relationnelle et les codes de communication demeurent des éléments de discrimination et de segmentation sociales, les personnes appartenant à des catégories défavorisées étant durablement exclues des débats publics, uniquement considérées comme forces d'appoint, la prise de parole publique devenant elle-même un critère de domination.


Nous risquons aussi l'ennui, tant les réunions publiques apparaissent très majoritairement être des temps de regroupement des personnes qui partagent les mêmes points de vue, tant le débat public contemporain est marqué par la forme, la "communication", et par l'absence du "fond".
Nous risquons donc de ne pas voir se développer des modèles participatifs de qualité auxquels nous aspirons.

Participer à des débats contradictoires sans que ceux-ci se réduisent à des démonstrations de force personnes partageant (avant et après la réunion !) le même avis, ou à des pugilats, c'est exercer son intelligence et son libre arbitre.


Il nous semble donc que la préparation à l'expression collective doit être un élément de la formation civique.

A Zy Va, nous avons donc lancé il y a 4 ans des débats publics, en invitant des personnalités ayant des points de vue différents, et en nous obligeant à quelques règles: nous sommes tous là pour apprendre, nul ne détient la vérité, nous sommes responsables, en maîtrisant notre temps de parole et nos passions, de la qualité d'échange, etc.

Nous avons décidé l'an passé d'approfondir cet exercice (qui commençait de risquer de devenir "mondain", d'être marqué essentiellement par la qualité des intervenants) en créant un atelier de formation à l'expression et au débat.


La première année nous a permis de vérifier que certains jeunes du quartier, y compris ceux qui éprouvent une certaine angoisse devant cet exercice, pouvaient réussir avec un minimum de préparation des performances remarquables de co- animation de débat.


Nous avons ainsi pu commencer de vérifier l'hypothèse selon laquelle ce travail est attendu par les jeunes et qu'il peut être efficace. Le caractère pratique du travail, et le fait que des débats publics et des interventions sont à préparer, donnent sans doute à l'atelier une force particulière.

Notre activité demeure expérimentale, et nous pensons, eu égard aux enjeux de la démarche, que nous devons être disponibles pour des échanges avec d'autres expérimentateurs, la perspective d'une diffusion large de ces pratiques, voire même leur inclusion systématique dans les parcours éducatifs et dans les activités d'animation locale, nous paraissant à ce stade parfaitement plausible.

Andray Jaunay, Vice Président de l'association Zy'Va


Objectifs des travaux de Zy'Va:

  • formation au débat, maîtrise de l'expression orale, d'un sujet, du débat lui-même,
  • développement de la capacité à l'écoute et au dialogue
  • apprentissage de l'animation de débat


Type d'activité :

  • atelier mensuel : exercices d'expression individuelle et collective, interviews, jeux théâtraux, etc.
  • ateliers supplémentaires pour la préparation des débats : choix et approfondissement des sujets, préparation des questions, de l'animation, apprentissage des règles des débats,
  • participation avec les universités de Nanterre (Marie Hélène Bacqué) et Villetaneuse au concours d'éloquence,découverte des médias et des formations et métiers : journaliste, reporter, responsable radio, CFA journalisme, conteur, etc.


Publics concernés:

  • habitants du quartier, notamment lycéens et étudiants, personnels en insertion professionnelle (volontaires civiques, etc.)


Perspectives :

  • Réunion(s) (colloque(s)...) d'échanges sur cette activité, avec d'autres réseaux pratiquants, en fin d'année.


Animateurs de l'atelier :

Hafid Rahmouni et André Jaunay